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HERBERT - 16 ans - Partie 2 - Interné aux camps de Gurs et de Rivesaltes avec sa maman

HERBERT - 16 ans - Partie 2 - Interné aux camps de Gurs et de Rivesaltes avec sa maman

Released Thursday, 2nd May 2024
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0:01

Après que mon père a pu être libéré du camp de Daraa,

0:05

avec ma mère, ils sont venus nous rejoindre en Belgique.

0:07

Nous étions tranquilles jusqu'au 10 mai.

0:17

La Shoah, mot hébreu qui signifie catastrophe,

0:20

désigne la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d'Europe par l'Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la Seconde Guerre mondiale.

0:28

En France, plus de 25% de la population juive totale sera décimée.

0:33

Les enfants ne seront pas épargnés. Dans l'épisode précédent,

0:41

Herbert nous a raconté les atrocités de la nuit de cristal,

0:44

sombre nuit à laquelle il est l'un des derniers survivants,

0:47

sinon le dernier, à avoir assisté.

0:51

Herbert nous a également raconté l'internement de son papa à Dachau,

0:54

suite à la dénonciation de la concierge de leur immeuble.

0:58

puis sa fuite en Belgique avec sa sœur, où ils seront rejoints quelques mois plus tard par sa maman et son papa tout juste sortis du camp.

1:06

La famille réunie vivra plus ou moins paisiblement jusqu'au 10 mai 1940.

1:13

Voici la deuxième partie du témoignage d'Herbert,

1:16

16 ans, enfant de la Shoah. Le 10 mai 1940

1:25

Oui, je dis bien. Les 10 mai 1940,

1:29

les Allemands ont envahi la Belgique et les Pays-Bas sans déclaration de guerre et la Belgique n'était plus un pays neutre et nous avons fui la Belgique.

1:45

Mon père a été interné à nouveau comme ressortissant d'un pays ennemi puisqu'il était Allemand.

1:52

Donc il était arrêté comme tous les Allemands qui étaient en Belgique à l'époque.

1:57

Et il s'était retrouvé dans un camp d'internement sur les bords de la Méditerranée à côté de Perpignan à

2:05

Saint-Cyprien-sur-Mer. Il était interné en tant qu'Allemand.

2:13

Ma soeur avait deux ans plus que moi.

2:15

Or, quand nous étions en Belgique en 1939,

2:20

on a su que les Anglais autorisaient l'immigration en Palestine d'enfants de moins de 17 ans.

2:28

Donc ma sœur s'était portée volontaire,

2:31

évidemment. Elle avait 16 ans et 9 mois,

2:34

à la limite. Moi, je voulais m'inscrire.

2:38

Moi, j'ai dit, toi, t'es trop jeune. On prend d'abord ceux qui sont à la limite d'âge.

2:42

Toi, tu attendras. Donc ma sœur est partie en Palestine.

2:45

Elle a quitté la Belgique, je ne sais quoi, en décembre 1939.

2:52

Moi et ma mère, on est partis avec un train de réfugiés,

2:57

surpeuplés évidemment. Il y avait beaucoup de Belges qui fichaient le camp parce qu'on se rappelait en Belgique des exactions que les soldats allemands avaient faites pendant le guerre de 1914-1918.

3:08

Il y avait eu beaucoup de civils qui ont été tués,

3:10

etc. Donc il y avait des Belges qui fichaient le camp et puis nous,

3:14

les quelques amis juifs qu'on avait dans la Belgique,

3:18

ils sont partis aussi. En France,

3:22

on était accueillis comme des réfugiés.

3:25

Les personnes étant venues par le train ont été dispersées dans différentes localités qui étaient équipées pour héberger donc des réfugiés.

3:34

Donc on s'était trouvé dans un petit village qui s'appelle Villeneuve de Bergue,

3:39

dans l'Ardèche, comme réfugiés. Et on était tranquilles pendant tout l'été.

3:46

Et après la prise des pouvoirs de Pétain,

3:50

On me demande parfois pourquoi vous ne dites pas Marshall Pétain.

3:53

Marshall Pétain ? Il n'y a pas de Marshall.

3:55

Pétain a été destitué de sa dignité.

3:59

Il n'est plus Marshall. Donc pour moi, Pétain, c'est Pétain.

4:02

C'est Philippe Pétain si on veut. Enfin bref,

4:05

ça c'est un intermède. Donc,

4:08

après sa prise de pouvoir, nous, de réfugiés,

4:12

on est devenus des indésirables. Et en tant qu'indésirable,

4:17

on a été internés dans un camp d'internement à Gurs,

4:21

où je suis resté avec ma mère quelques mois,

4:25

du mois d'octobre jusqu'au mois d'avril.

4:30

Un hiver froid, humide,

4:34

de la boue jusqu'aux chevilles quand on devait aller aux latrines,

4:38

c'était affreux. Ma pauvre mère commençait à être malade et on nous a transféré avec un petit convoi dans un autre camp,

4:47

le camp des Rives-Altes, où les conditions d'hébergement étaient un peu meilleures.

4:54

D'abord, il n'y avait pas de boue par terre. Ensuite,

4:57

les baraques étaient en dur. Mais...

5:01

Il y avait des puces,

5:03

des punaises, des poux,

5:07

c'était épouvantable. Des insectes,

5:09

on ne pouvait pas se débrasser. Auguste n'en faisait rien,

5:14

on était abandonnés à nous-mêmes. À Rivesailles,

5:17

on avait trouvé une occupation pour les hommes.

5:20

Donc là, j'avais déjà 16 ans, j'étais considéré adulte.

5:25

On avait des corvées. Alors notre corvée consistait à extraire des clous de planches abandonnées,

5:33

de planches de démolition, etc.

5:36

et les redresser, redresser les clous pour pouvoir les réutiliser.

5:41

Et nous avions comme chef de corvée un petit bonhomme qui devait être un sous-offre démobilisé français,

5:49

et pour lui, redresser des clous,

5:52

c'était participer au redressement de la France.

5:56

Donc il nous exhortait pour redresser des clous,

6:00

et plus on avait redressé des clous,

6:02

plus il était content, il était félicité,

6:05

mais nous on n'avait rien bien évidemment. Ça c'était notre occupation.

6:09

Les matinées, c'était notre travail. À Gurs,

6:14

nous étions séparés. Il y avait des îlots,

6:16

hommes et des îlots femmes, et on ne pouvait pas communiquer.

6:20

Or, à Rivesalte, il y avait des baraques hommes et des baraques femmes,

6:23

et dans la journée, on pouvait se rencontrer,

6:25

évidemment. Donc, l'après-midi, je pouvais voir ma mère,

6:28

pas voir avec ma mère, l'aider,

6:31

parce qu'il commençait à être très faible. Et la nuit,

6:34

évidemment, chacun dans sa baraque. Et dans la baraque,

6:37

on faisait quoi, nous les jeunes ? On avait donc des vêtements qui étaient infestés de poux des corps.

6:43

Bon, les poux de corps, on lavait avec de l'eau froide,

6:46

sans savon. Les poux, l'eau froide,

6:49

sans savon. Quand on sortait les linges,

6:52

ils étaient tous guéris, ils continuaient à transpirer.

6:55

Alors, le soir, on faisait quoi ? Nous, les jeunes,

6:57

on était assis sur les bas-flans, on prenait nos vêtements et puis on tuait les poux.

7:02

On tuait les poux et on comptait. Un, deux,

7:05

trois. Le premier qui est arrivé à 100,

7:10

il avait gagné. C'était notre occupation de jeunes.

7:15

Mais je raconte ça un petit peu pour ne pas dire que nous étions en permanence submergés par notre État.

7:27

Nous, les jeunes, on pensait qu'il fallait vivre,

7:30

évidemment. Au bout d'un mois,

7:34

ma pauvre mère... est vraiment tombée malade,

7:38

on l'a amenée à l'hôpital, et elle est décédée le lendemain.

7:44

Donc ma mère est décédée au camp des Rives-Alpes.

7:53

Là, pour moi, c'était l'effondrement total.

7:56

Avoir perdu ma mère, qui à l'époque était jeune,

7:59

elle avait 49 ans, enfin bref.

8:06

Donc j'ai pu assister à ses obsèques,

8:09

j'avais permission de sortir et je ne suis pas arrêté en Lyon.

8:18

Avec beaucoup de courage, une bonne dose d'insouciance et aussi un peu de chance,

8:23

Herbert se dirigera vers la gare où il sautera dans le premier train pour Marseille.

8:28

Merci cher Herbert pour ce partage intime et précieux et merci à vous chers auditeurs pour votre fidélité.

8:35

Dans le prochain épisode, Herbert nous racontera sa fuite,

8:38

ainsi que sa rencontre providentielle avec les Quakers,

8:41

aussi connus sous le nom de Société des Amis,

8:44

qui joueront un rôle crucial dans son périple vers la liberté.

8:49

Ne perdons pas l'histoire, racontons-la.

8:52

Allez, salut !

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