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 L’économie sociale et solidaire face à la pression du capitalisme néolibéral

L’économie sociale et solidaire face à la pression du capitalisme néolibéral

Released Tuesday, 3rd October 2023
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Chaque semaine dans Les Clés de l'éco, des économistes bordelais se relaient pour nous donner leur analyse de l'actualité. Aujourd'hui avec Michel Cabannes, professeur d'économie émérite de l'université de Bordeaux.

L’économie sociale et solidaire repose sur la primauté des personnes et des objectifs sociaux sur le capital, la coopération volontaire et la solidarité, la gouvernance démocratique et le réinvestissement des bénéfices dans l’activité. Elle englobe les coopératives, les mutuelles, les associations, les fondations, les entreprises sociales, les groupes d’entraide…

L’ESS est un secteur résilient qui est un vecteur de transformation sociale et un instrument de réparation sociale et qui doit faire face au défi de la banalisation.

Un secteur résilient

L’économie sociale a émergé au XIXème siècle : les premières formes d’organisation ouvrière et populaire sont nées sous l’empire de la nécessité. Depuis lors, elle a résisté malgré la domination du capitalisme et s’est étendue en fonction des nouveaux besoins. L’économie sociale a été élargie récemment à l’économie solidaire fondée sur la réciprocité, ainsi qu’à l’entreprenariat social.

En France, l’ESS, régie par la loi Hamon (2014) représente 6% du PIB, emploie 2,4 millions de salariés (10,5% du total) et 13 millions de bénévoles. Cela inclut les associations (77,7% des emplois), les coopératives (12,9%), les mutuelles (5,8%), les fondations (3,6%) et 329 sociétés commerciales. Elle concerne le secteur social (40,9% de l’emploi), l’enseignement et les activités économiques et financières. Dans l’UE, l’ESS emploie 6,3% de la population active.

Un vecteur de transformation sociale

La pérennité de l’ESS est la preuve qu’on peut gérer des activités sur un mode non capitaliste privilégiant la coopération. « L’apport essentiel de l’ESS c’est de montrer qu’il est possible de mener des activités économiques de manière durable et pérenne sans recherche du profit comme moteur » (B. Coriat). Ces organisations peuvent être performantes et créer des emplois. L’ESS concentre les espoirs d’un changement social face aux effets destructeurs du capitalisme et aux échecs du modèle étatique ; elle correspond à l’aspiration à l’auto-organisation qui resurgit périodiquement. Elle fait la synthèse entre le

principe d’initiative et le principe de solidarité, permettant des innovations sociales. Les SCOP montrent que lorsque les travailleurs participent à la décision, les conflits sont moindres et les conditions de travail meilleures.

Un instrument de réparation sociale

L’ESS sert souvent à compenser les défaillances du marché. « Dans la société actuelle, l’ESS me semble surtout un sparadrap, une béquille face aux défaillances du marché » (S. Latouche). Les initiatives créatrices de l’ESS incitent le secteur privé lucratif à se lancer dans les créneaux rémunérateurs et à transformer ces activités en sources de revenu actionnarial (ex. ORPEA).

L’ESS sert aussi de substitut à la défaillance de l’Etat social, notamment dans les services à la personne. L’Etat sous-traite à l’ESS qui doit faire mieux que l’Etat avec moins. Subventionner ces services lui coûte moins cher que de les produire lui-même. Ce sont les salariés, surtout les femmes, qui en font les frais.

Le défi de la banalisation

Il existe un risque d’effacement des spécificités de l’ESS sous la pression du marché ou de l’action publique. La création d’un marché unique de l’assurance par les directives européennes affecte les mutuelles (fin du monopole mutualiste sur la complémentarité santé) : elles continuent d’innover mais on observe un processus de convergence avec les sociétés d’assurance. Dans le domaine bancaire, le marché favorise la standardisation des produits, les stratégies de croissance et la concentration du secteur. La gestion des banques coopératives se rapproche souvent du privé sous la pression de la concurrence, ce qui a suscité des critiques lors de la crise de 2008. Le secteur social et médico-social n’est pas épargné par le new public management. Les injonctions publiques et la professionnalisation favorisent l’homogénéisation des entités d’un secteur.

L’ESS doit impérativement relever le défi de la banalisation liée surtout à la pression du capitalisme néolibéral. Le pari n’est pas gagné mais le jeu en vaut la chandelle car c’est la condition pour qu’elle assure pleinement sa fonction de transformation sociale pour préparer l’avenir.

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